La poésie des textes amérindiens

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Textes

Qu'est ce que la vie ?

C'est l'éclair du feu dans la nuit

C'est le souffle du bison dans l'hiver

C'est la petite ombre qui se hasarde sur l'herbe

Et se perd au coucher du soleil.

CROWFOOT (Blackfeet)

 

La Mère Nature est toute-puissante, ayant pour elle l'éternité.

Que sont les inventions des hommes, les cités hautaines qu'ils élèvent aux confins du désert, les armes terribles qu'ils emploient pour assurer et défendre leurs conquêtes ?

Rien qu'un peu de poussière constituée que les grandes forces naturelles tendent à restituer dans sa forme primitive.

Désertez pendant quelques années la citadelle, abandonnez quelques mois le canon ou la mitrailleuse dans la Prairie, et bientôt l'herbe et la ronce auront envahi la pierre, la rouille rongé l'acier dur.

Bien des fois jadis, de vastes solitudes ont été peuplées par des villes puissantes. Il n'en reste plus aujourd'hui que des ruines et les ruines elles même finissent par se confondre avec la terre éternellement vierge.

 Qu'importent les hommes qui passent ?

L'Esprit n'a qu'à souffler sur eux et ils ne seront plus là !

Alors les fils de la Terre reprendront possession de la Terre. Et les temps passés redeviendront nouveaux !

Les inspirés de la Ghost Dance

 

Quand tu te lèves le matin, remercie pour la lumière du jour, pour ta vie et ta force.

Remercie pour la nourriture et le bonheur de vivre.

Si tu ne vois pas de raison de remercier, la faute repose en toi-même.

Tecumseh, chef shawnee (1768-1813)

 

Voyez, mes frères, le printemps est venu ; la terre a reçu l'étreinte du soleil, et nous verrons bientôt les fruits de cet amour !

Chaque graine s'éveille et de même chaque animal prend vie. C'est à ce mystérieux pouvoir que nous devons nous aussi notre existence ; c'est pourquoi nous concédons à nos voisins, même à nos voisins animaux, le même droit qu'à nous d'habiter cette terre.

Pourtant, écoutez moi, vous tous, nous avons maintenant affaire à une autre race, petite et faible quand nos pères l'ont rencontrée pour la première fois, mais aujourd'hui grande et arrogante.

Assez étrangement, ils ont dans l'idée de cultiver le sol et l'amour de posséder est chez eux une maladie. Ces gens là ont établi beaucoup de règles que les riches peuvent briser mais non les pauvres.

Ils prélèvent des taxes sur les pauvres et les faibles pour entretenir les riches qui gouvernent. Ils revendiquent notre mère à tous, la terre, pour leur propre usage et se barricadent contre leurs voisins ; ils la défigurent avec leur constructions et leurs ordures.

Cette nation est pareille à un torrent de neige fondue qui sort de son lit et détruit tout sur son passage.

NOUS NE POUVONS VIVRE COTE A COTE

Sitting bull, chef sioux hunkpapa (1875)

 

Mon fils, j'ai fait un rêve terrible au bord de la rivière... une vision qui parle de demain...

Demain, dans de nombreuses lunes... J'ai vu un monde où l'indien sera Blanc, où l'homme noir sera blanc, où l'homme jaune sera blanc...

J'ai vu ce monde Daklugie... J'ai vu les rivières et les forêts et les montagnes et l'herbe et la terre, salie et défigurées...

J'ai vu des enfants qui ne reconnaissent plus leur parents, des hommes et des femmes qui ne savent pas qui ils sont...

Dans ce monde, les grizzlys, les cougars, les loups et beaucoup d'autres animaux sauvages ont disparu ou sont mis en cage...

J'ai vu ce monde, mon fils... Je n'en veux pas...

Geronimo (Apache)

 

Les vastes plaines ouvertes, les belles collines qui ondulent et les ruisseaux qui serpentent n'étaient pas sauvages à nos yeux.

C'est seulement pour l'homme blanc que la nature était sauvage, seulement pour lui que la terre était "infestée" d'animaux "sauvages" et de peuplades "barbares".

Pour nous, la terre était douce, généreuse, et nous vivions comblés des bienfaits du Grand Mystère.

Ce n'est que lorsque l'homme poilu de l'est est arrivé et, dans sa folie brutale, a accumulé les injustices sur nous et les familles que nous aimions, qu'elle nous est devenue "sauvage".

Lorsque même les animaux de la forêt commencèrent à fuir à son approche, alors commença pour nous "l'Ouest Sauvage".

Luther Standing Bear Chef sioux oglala (né en 1868)

 

* Enfant, je savais donner ; j'ai oublié cette grâce depuis que je suis devenu civilisé.

J'avais un mode de vie naturel alors qu'aujourd'hui, il est artificiel.

Tout joli caillou avait une valeur à mes yeux ; chaque arbre qui poussait était un objet de respect.

Maintenant, je m'incline avec l'homme blanc devant un paysage peint dont on estime la valeur en dollars.

Ohiyesa, écrivain indien contemporain

 

Etre né homme sur cette terre, est une charge sacrée. Nous avons une responsabilité sacrée, du fait de ce présent exceptionnel qui nous a été fait, bien au dessus du beau cadeau qu'est la vie des plantes, des forêts, des poissons, des oiseaux et de tous les êtres qui vivent sur terre. Nous nous devons de prendre soin d'eux.

Audrey Shenandoah (Onondaga)

 

 

Dans le coeur de chaque homme est ancré un appétit spirituel pour une foi absolue et respectueuse, pour une croyance positive et apaisante en une existence future. Une foi de cette qualité est le fondement indispensable d'une personnalité, et nombres de nos jeunes gens ne possèdent pas cette ancre où peuvent s'arrimer leurs âmes.

Shawnee (1930)

 

 

La vie de l'homme est éphémère et, puisqu'il en est ainsi, il est inutile d'entretenir la crainte de la mort, car tôt ou tard, elle nous guette tous ; l'homme, et tout être vivant, arrive sur terre, passe, et s'en va, tandis que les montagnes et les rivières restent toujours pareilles. Ce sont les seules choses visibles qui demeurent.

Pensée de la société hethu'shka (Omaha)

 

 

Les jeunes hommes de mon peuple ne devraient jamais travailler. Les hommes qui travaillent ne peuvent pas rêver, et la sagesse nous vient par les rêves.

Vous me demandez de retourner la terre. Devrais-je prendre un couteau et arracher le sein de ma mère ?

A mon dernier souffle, elle ne me prendra pas sur sa poitrine pour que je m'y repose.

Vous me demandez de creuser pour trouver la pierre. Devrais-je déchirer sa peau jusqu'aux os ?

A mon dernier souffle, je ne pourrais entrer dans son corps pour y naître à nouveau.

Vous me demandez de couper l'herbe, d'en faire du foin et de le vendre ; de devenir aussi riche que les hommes blancs.

 Mais comment oserai-je couper les cheveux de ma mère ?

Smohalla (Nez percé) 1850

 

 

Pourquoi voulez vous nous enlever de force ce que vous pouvez obtenir par amour ?

Pourquoi voulez vous nous détruire, nous qui vous fournissons la nourriture ?

Que pouvez vous obtenir de la guerre ?

Nous ne sommes pas armés.

Si vous venez en amis, nous vous donnerons ce que vous demandez. Je ne suis pas aussi sot, je sais qu'il est préférable de bien manger, de dormir confortablement, de vivre paisiblement avec nos femmes et nos enfants, qu'il est préférable de rire et être conviviaux avec les anglais, devenir leurs amis, faire du commerce avec leur cuivre et leurs hachettes, que de s'enfuir loin d'eux.

Emportez vos fusils et vos épées, causes de toutes nos jalousies, sinon vous pourriez mourir par eux.

Wahunsonacock (Powhatan) Discours prononcé en 1609

 

 

On enseignait à nos enfants à rester assis immobiles, et à y prendre du plaisir. On leur apprenait à utiliser leur odorat, à regarder là où, apparemment, il n'y avait rien à voir, et à écouter avec attention là où tout semblait calme. Un enfant qui ne peut rester assis sans bouger est un enfant à moitié développé.

Lakota 1936

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