Les Navajos de    Monument Valley

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" Les âmes des morts restent là où ils ont vécu. Lorsqu'il n'y a pas de bruit, pas de vent, on entend les esprits "

Le plus difficile, est de trouver un bon maître. habituellement la connaissance se transmet de grand-père à petit-fils, d'oncle à neveu : on appartient à la même famille, mais la différence d'âge exclut les rivalités. Les cercles concentriques sur le sol représentent les stades de la connaissance, semblables aux cercles qui se forment à la surface de l'eau lorsqu'on y jette un caillou. Si on part de ce caillou, tout petit. On apprend ensuite à le regarder de plus en plus loin. Lorsqu'on passe d'un cercle à l'autre, la vision devient de plus en plus large. Et quand on est si loin du centre que l'on peut contempler l'univers, on comprend qu'il est ce caillou.

Monument Valley... pendant des heures, un paysage pelé, désolé, percé d'une route, une seule, qui la relie à Phoenix. L'Arizona sait être désespérant. Vient ensuite Kayenta, avec ses deux stations service; bientôt les rochers les plus célèbres du monde se dressent majestueux et gracieux pourtant, le Mitchell Butte à gauche, Sentinal Mesa à droite, et plus loin Merrick Butte, escortée des deux Mitten. Si le désert américain a un visage c'est celui de cette vallée, immortalisée par les Westerns de John Ford. Passé Elephant Butte et Totem pole, avec sa colonne de 250 m, on aperçoit quelques genévriers tordus par la sécheresse, des sumacs dont l'écorce sert à tresser des corbeilles.

                                   

C'est le quatrième monde, les deux premiers ont été détruits par le feu, le vent. Les Holy People, le peuple saint, les gens d'essence divine peuplaient le troisième monde. Un jour Coyote, toujours en quête de mauvais tours, a volé les enfants de l'oie. Il les a caché sous sa fourrure. L'oie s'est fâchée, et les eaux ont monté. Les Holy People se sont réfugiés sur une montagne. Ils ont planté un genévrier, mais il poussait trop lentement. Et les eaux montaient. Ils ont planté un pin, il ne poussait pas assez haut. Ils ont planté un bambou, et comme il n'avait pas de forme bien précise, ils ont pu se faufiler dans ses noeuds, grimper jusqu'à un trou dans le ciel et arriver ainsi dans le quatrième monde, le nôtre. Cela se passait à la Plata Mountain, près de Durango. L'eau montait toujours. Elle est sortie par le trou. Alors ces gens ont trouvé les bébés que Coyote cachait. Ils les ont remis à l'eau, et l'eau est partie vers les quatre horizons. La boue qui a séché a donné naissance à ces rochers ci.

Les femmes tissent chez les Navajos, c'est un acte religieux. Chaque femme chante sa chanson particulière du premier au dernier rang de son ouvrage. Elle ne ferme jamais les lisières qui bordent son tapis sinon son âme y resterait piégée à jamais.

" Au début du quatrième monde les Holy People ont posé entre deux peaux de daim, deux épis de maïs. L'un blanc sur une plume d'aigle blanc, l'autre jaune sur une plume d'aigle jaune. Ils appelèrent le Vent Blanc à l'est, il souffla entre les peaux. Et apparurent à la place des épis, Premier Homme et Première Femme. Dans chaque humain, souffle le vent, et quand il cesse, la parole s'éteint et la mort survient."

Les vieux Navajos connaissent les histoires qui retracent la création du monde et les chemins que doivent suivre les hommes pour être sages. Ces histoires, ils les racontent l'hiver, car en été les Holy People, les petites personnes, les araignées, serpents et autres sauterelles, pourraient entendre et ce n'est pas bon.

                     

" Dans le monde d'avant, les hommes et les femmes se sont séparées. Et les femmes se sont satisfaites avec les objets, car leur mari n'étaient plus là. Arrivées dans ce monde ci, elles ont enfanté des monstres. Ils se tenaient surtout sur Bear Montain, au nord. Leur pouvoir attirait les gens, ils les tuaient, les dévoraient. Les rochers de Monument Valley ont été posés par les Spirit People ( des divinités invisibles, sans forme, qui animent les plantes, les animaux et les choses ) avec des prières afin d'empêcher les humains de partir vers les monstres. Les rochers construisent une ligne de prières qui sauvegardent les indiens. Si l'on est ouvert à ces perceptions, on peut entendre les mots qui les habitent."

Les monstres ont failli anéantir les humains. Les jumeaux Tueur de Monstres et Né de L'Eau, les tuèrent. West et East Mitten ressemblent à deux mains dressées vers le ciel. Elles appartiennent à un monstre abattu. Elles nous montrent qu'un esprit punira les hommes. Et aussi qu'il est une vie spirituelle élevée, et que si nous nous en détournons, elles viendront nous châtier.

Au lieu dit Many Hand demeure la trace d'un peuple dont on ne sait pas grand chose. : les Anasazi. Ils posèrent l'empreinte blanche de leur mains, par dizaines sur la muraille de pierre, ils dessinèrent d'étranges formes d'humains et d'animaux. Leur esprit est toujours là.

Avec ces étranges animaux gravés furent confiés à la pierre des messages que chacun déchiffrait, aujourd'hui les falaises parlent encore aux indiens.

La religion des Navajos

L'univers religieux des Navajos est constitué d'un monde visible, celui où ils vivent entourés des animaux et des plantes, et d'un monde invisible. Ce dernier est le royaume des dieux, des esprits, des ancêtres - le Holy People -, tous capable de prendre une forme animale, végétale ou de s'investir dan sune pierre. Les hommes doivent veiller à l'harmonie des relations entre ces deux univers. Pour les Navajos le concept d'hozho reste essentiel : ce terme signifie à la fois l'harmonie, l'ordre et la beauté.

Les chants et les rituels

Ils consistent à maintenir ou rétablir l'hozho pour arriver au Ké, un état de satisfaction pour les deux mondes. Le déséquilibre se manifeste par exemple, par la maladie, le patient doit alors suivre les conseils d'un chamane pour retrouver son harmonie, la peinture de sable restant l'un des rituels les plus efficaces dans ce cas là. Aujourd'hui un sentiment profond demeure pour les croyances traditionnelles. A tout moment un Navajo peut demander l'aide d'un chanteur ou d'un chamane pour se défendre contre un esprit maléfique. Le chamane communique avec les esprits par le chant et lui apporte un soutien actif dans sa lutte. Cette volonté de communication avec une force ou une divinité explique la sensibilité des Navajos au syncrétisme de la Native Américan Church à laquelle ils adhèrent à 70%.

Née dans les réserves

A la fin du XIX° siècle, au pire moment de désespoir des indiens, cette église a mêlé habilement les croyances indiennes au dogme du christianisme. La vénération pour Jésus, Marie, la Croix et les Saints, s'accommode de la consommation de peyotl, un cactus hallucinogène à base de mescaline et très utilisé dans le chamanisme. Tout en priant, le fidèle mâche les boutons de cette plante et entre en relation avec le surnaturel. La consommation fréquente de ce cactus explique la grande méfiance des Américains et souvent celle des autorités indiennes à l'égard de cette église. Pour les Navajos, la quête de l'harmonie demeure la seule raison d'être, qu'importe la voie empruntée.

Poétique amérindienne