Pensée de la semaine 4
Menu | 1 -2 -3 -5 -6-7-8-9 -10-11-12-13-14-15-16-17-18-19-20 |
FAUT - IL EXPÉRIMENTER LES TRANS-GÉNIQUES SUR LES pays en voie de développement ?
On reparle à nouveau d'un programme de nutrition accélérée et super vitaminée à base de produits TRANS - GÉNIQUES qui serait mis en place pour venir en aide aux enfants du tiers - monde qui souffrent de malnutrition. J'aurais pu me réjouir s'il n'y avait pas tant de bruits autour des produits trans - géniques, que ce soit pour la consommation ou que ce soit pour leur culture. Alors, je m'interroge ; je m'interroge d'autant qu'au plus fort des surproductions alimentaires un peu partout, on ait recours aux trans-géniques. Aide ou expérimentation?
On peut penser légitimement qu'une réaction de satisfaction est celle de tous ceux qui sont attachés à une plus grande générosité dans les rapports entre les peuples. Il doit en être ainsi effectivement ; pourtant, il me semble que ce serait là, une manifestation qui ne prendrait en compte qu'un aspect limité du problème.
Ces limites portent, à mon avis, sur la nature même de l'opération mais aussi sur ses conséquences.
Je suis convaincue qu'une solidarité, un acte de générosité ne peut avoir de sens, et donc être acceptable, que s'il respecte la dignité de l'individu, aussi bien matériellement que psychologiquement. Il faudrait que ce respect porte sur le présent mais aussi sur le futur. En d'autres termes, que la décision d'un instant ne se transforme pas avec le temps en un fardeau moral ou physique pour les générations à venir. Il me semble que c'est malheureusement la voie sur laquelle débouche l'offre actuelle.
Je n'ai trouvé aucun renseignement réellement encourageant sur la culture du maïs et du riz trans géniques, je vous soumets mes recherches:
L'affiche était alléchante : "Des généticiens de l'université Rutgers ont mis au point un nouveau procédé pour créer un maïs plus nutritif sans employer les techniques biotechnologiques controversées utilisées dans la nourriture génétiquement modifiée", assurait le communiqué de presse. Il suggérait aussi que ce maïs avait un "potentiel pour le tiers-monde". L'annonce ne pouvait tomber mieux.
Mais à y regarder de plus près, ce texte pèche par excès d'enthousiasme. Les deux chercheurs de Rutgers, Jinsheng Lai et Joachim Messing, ont certes découvert un procédé innovant : ils ont réussi à faire produire par ce maïs un excédent de méthionine, un acide aminé essentiel que les humains et les animaux sont incapables de produire par eux-mêmes. Et ils y sont parvenus sans introduire de gène provenant d'un organisme étranger.
Pour autant, il y a peu de chance pour que le maïs qu'ils ont mis au point puisse répondre au problème de la faim dans le monde, et il n'est pas du tout certain qu'il échappe à l'infamante étiquette "OGM".
Voici pourquoi. Tout d'abord, la méthionine, si elle fait défaut dans les régimes alimentaires à base de légumineuses, comme le soja, est présente en quantité suffisante dans le maïs classique, selon l'Organisation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture (FAO). Pour cette céréale, la carence principale concerne la lysine. Les programmes alimentaires tentent de contrer ces carences en favorisant des régimes mixtes, associant céréales et légumineuses, sans avoir toujours le succès escompté.
Francis Delpeuch, directeur du laboratoire de nutrition tropicale de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) à Montpellier, est donc sceptique : "On sait très bien, depuis les années 1970 et après ce qu'on a appelé "The great protein fiasco", que la malnutrition des enfants n'est pas due d'abord à une carence en protéines. Cela a, bien sûr, de l'intérêt d'avoir des céréales avec des protéines de meilleure qualité, mais de là à annoncer cela comme l'arme miracle contre les malnutritions il y a un grand pas, que beaucoup n'hésitent pas à franchir allégrement dès lors qu'il s'agit de justifier telle ou telle percée technologique."
Pour autant, il s'agit bien d'une plante transgénique, "qu'on ne peut pas mettre sur le marché sans étude", notamment pour chercher d'éventuels contenus anti-nutritionnels, assure le chercheur. Car si l'on n'a pas modifié la partie codante du gène, le maïs en question n'en a pas moins été altéré substantiellement dans ses fonctions.
Pour Dominique Job, ce nouveau maïs est avant tout un modèle expérimental. Un soja dopé à la méthionine aurait été bien plus intéressant pour pallier les carences alimentaires, "mais il est beaucoup plus difficile à manipuler".
Le fameux «riz doré» enrichi de vitamine A par les techniques du génie génétique,
Il a déjà fait couler beaucoup d'encre, et ne serait qu'une première ébauche, bien incomplète, de ce dont rêve son inventeur, Ingo Potrykus, et que s'appliquent actuellement à mettre au point les scientifiques d'un laboratoire de recherche publique de l'Institut de technologie suisse.
On cherche à ajouter à la céréale
de base des Asiatiques en lui greffant plusieurs nouveaux gènes destinés à
enrichir le riz en fer, en vitamine E et en acides aminés essentiels.
Il est clair que cette supervariété de riz transgénique s'adresse aux
populations du Tiers-Monde qui souffrent de malnutrition et auxquelles le
professeur Potrykus est visiblement très sensible puisqu'il n'a pas manqué de
rappeler que «la moitié de la population mondiale souffre de malnutrition et
que les carences alimentaires conduisent à des maladies très graves». Par
exemple, des insuffisances en vitamine A et en fer peuvent entraîner
respectivement la cécité et de graves anémies. La frange la plus pauvre de la
population asiatique, dont le riz constitue presque l'unique denrée
alimentaire, est frappée de plein fouet par de telles maladies puisque le riz
est dépourvu de vitamine A et contient très peu de fer.
Les chercheurs suisses avaient créé, il y a quelques années, le riz doré en
insérant dans le génome de la plante les trois gènes nécessaires à la
fabrication du bêta-carotène qui, en plus d'être le précurseur de la
vitamine A, colore le riz en jaune. Plus récemment, les scientifiques se sont
appliqués à greffer cinq autres gènes destinés à accroître la disponibilité
du fer.
Ainsi, un premier gène issu d'une variété de haricot est destiné à
augmenter la teneur en fer des grains de riz. Selon les premiers résultats
obtenus, la greffe de ce gène doublerait le contenu en fer de la céréale, a
précisé le père du riz doré.
Un deuxième gène permet la synthèse d'un facteur qui favorise l'absorption du
fer par l'intestin tandis qu'un troisième gène permet la dégradation d'un
inhibiteur (le phytate, naturellement présent dans le riz) de l'absorption du
fer. Un quatrième gène aide quant à lui les racines de la plante à tirer
plus efficacement le fer du sol. Enfin, le cinquième facilite le transport de
cet élément depuis les racines jusqu'aux grains de riz.
Plus révolutionnaire encore, les biologistes moléculaires suisses ont
construit de toutes pièces un gène capable de synthétiser une nouvelle protéine
constituée d'un mélange équilibré des neuf acides aminés essentiels (que le
corps humain est incapable de fabriquer et que l'on doit puiser dans
l'alimentation). Ce gène a ensuite été introduit dans le riz doré.
«Il serait absolument impossible d'obtenir de tels avantages par les méthodes
traditionnelles d'hybridation, soutient Ingo Potrykus. De plus, toutes ces
caractéristiques intéressantes pourront être transférées à la pomme de
terre, au maïs, au colza, au blé, à la patate douce et aux autres denrées de
base de l'alimentation.»
Toutefois, même si la technologie est actuellement en expérimentation au
Vietnam, aux Philippines, en Inde et en Chine, les effets bénéfiques de ce
nouveau riz sur la santé n'ont pas encore été prouvés. «Nous n'avons été
autorisés à cultiver ce riz qu'en serre et, pour cette raison, nous n'en avons
produit que quelques kilogrammes, qui sont bien insuffisants pour mener des études
cliniques, précise Ingo Potrykus. Mais nous espérons l'expérimenter dans
quelques années.»
Difficile alors de connaître la véritable efficacité du riz doré et de
savoir qui a vraiment raison dans le débat entre Greenpeace et Ingo Potrykus.
Greenpeace affirme en effet que les enfants devront consommer neuf kilos (!) de
ce riz par jour pour ressentir les bienfaits de l'apport en vitamine A alors qu'Ingo
Potrykus soutient que 300 grammes par jour suffiront.
Pour le professeur Potrykus, la future variété de riz doré représente
incontestablement un bon moyen de venir en aide aux populations pauvres de la
planète. «Pour rendre cette variété accessible sans frais et sans
restrictions aux pays en développement, nous, les inventeurs [qui ont déposé
70 brevets], avons cédé les droits d'exploitation commerciale de ce riz à la
compagnie Zeneca [devenue Syngenta]», explique le professeur à la retraite. «En
échange, la compagnie doit soutenir ce projet humanitaire et rendre la
technologie libre de droits pour les institutions publiques de recherche.»
Lylian Le Goff, membre de la mission Biotechnologies de France Nature
Environnement, reconnaît la sincérité de la démarche du professeur Potrykus
mais croit que le riz doré, tout comme les autres OGM, «évite de remettre en
cause les dérives passées de l'agro-industrie. Depuis que l'on pratique le
raffinage du riz, précise-t-il, les grains ne contiennent plus que l'amidon de
la céréale. L'enveloppe des grains, que l'on élimine au cours du processus de
raffinage, contient des protéines, des fibres et des oligoéléments tels des
minéraux et des vitamines du groupe B1».
Pour sa part, Bernard Chevassus-au-Louis, directeur de recherches à l'Institut
national de recherche agronomique (INRA) et président de l'Agence française de
sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), est d'accord avec l'objectif du riz
doré, sachant qu'il vise à corriger les problèmes de cécité et d'anémie.
Il s'interroge toutefois sur le temps qui sera nécessaire pour obtenir une variété
cultivable et adaptée aux exigences locales.
Je pense que la distribution de suppléments vitaminiques aux enfants ne coûterait
sûrement pas plus cher.
Serait-il néanmoins plus équitable de diffuser la variété de riz doré? Permettrait-elle d'atteindre davantage de gens qu'une distribution de vitamine A dans les écoles?
Ne serait-il préférable d'encourager les petits jardins où on cultive quelques fruits et légumes lorsque le climat et la présence d'eau le permettent et utiliser les sur productions pour les pays où l'eau et la terre sont rares ?»