L'art 3

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                   La poésie mexicaine du XX°

                                

                       Renato Leduc


Aquí se habla del tiempo perdido que,
como dice el dicho, los santos lo lloran

Sabia virtud de conocer el tiempo;
a tiempo amar y desatarse a tiempo;
como dice el refrán; dar tiempo al tiempo…
que de amor y dolor alivia el tiempo.

Aquel amor a quien amé a destiempo
martirizóme tanto y tanto tiempo
que no sentí jamás correr el tiempo
tan acremente como en ese tiempo.

Amar queriendo como en otro tiempo
—ignoraba yo aún que el tiempo es oro—
cuánto tiempo perdí —¡ay!— cuánto tiempo.

Y hoy que de amores ya no tengo tiempo,
amor de aquellos tiempos, cómo añoro
la dicha inicua de perder el tiempo…

 

Il s'agit ici du temps perdu, celui
dont on dit que les saints le pleurent...

Sage vertu que connaître le temps.
Aimer à temps et se détacher à temps.
Comme le veut le dicton, donner du temps au temps...
que de l'amour et de la douleur soulage le temps.

Cet amour-là que je donnais à contre-temps
m'a martyrisé si long longtemps
que jamais n'ai-je senti courir le temps
aussi amèrement qu'en ces temps.

Aimer en aimant comme en autre temps
— j'ignorais alors que d'or est le temps —
combien de temps ai-je perdu! Ah! Combien de temps!

Et maintenant que des amours j'ai plus le temps,
comme je regrette, amour de ces bons temps,
l'unique fait de perdre mon temps...

 


 

       Rubén Bonifaz Nuño     

        

Amiga a la que amo

Amiga a la que amo: no envejezcas.
Que se detenga el tiempo sin tocarte;
que no te quite el manto
de la perfecta juventud. Inmóvil
junto a tu cuerpo de muchacha dulce
quede, al hallarte, el tiempo.

Si tu hermosura ha sido
la llave del amor, si tu hermosura
con el amor me ha dado
la certidumbre de la dicha,
la compañía sin dolor, el vuelo,
guárdate hermosa, joven siempre.

No quiero ni pensar lo que tendría
de soledad mi corazón necesitado,
si la vejez dañina, perjuiciosa
cargara en ti la mano,
y mordiera tu piel, desvencijara
tus dientes, y la música
que mueves, al movere, deshiciera.

Guárdame siempre en la delicia
de tus dientes parejos, de tus ojos,
de tus olores buenos,
de tus brazos que me enseñas
cuando a solas conmigo te has quedado
desnuda toda, en sombras,
sin más luz que la tuya,
porque tu cuerpo alumbra cuando amas,
más tierna tú que las pequeñas flores
con que te adorno a veces.

Guárdame en la alegría de mirarte
ir y venir en ritmo, caminando
y, al caminar meciéndote
como si regresaras de la llave del agua
llevando un cántaro en el hombro.

Y cuando me haga viejo,
y engorde y quede calvo, no te apiades
de mis ojos hinchados, de mis dientes
postizos, de las canas que me salgan
por la nariz. Aléjame,
no te apiades, destiérrame, te pido;
hermosa entonces, joven como ahora,
no me ames: recuérdame
tal como fui al cantarte, cuando era
yo tu voz y tu escudo,
y estabas sola, y te sirvió mi mano.

 

Mon amie que j'aime

Mon amie que j'aime, ne vieillis pas.
Que le temps s'arrête sans te toucher ;
qu'il ne t'enlève pas l'apparence
de la parfaite jeunesse. Immobile
près de ton corps de jeune fille douce
que le temps s'arrête en te découvrant.

Si ta beauté a été
la clé de l'amour, si ta beauté
avec l'amour m'a donné
la certitude du bonheur,
m'a permis ta présence sans douleur, et les envolées,
reste belle, jeune toujours.

Je ne veux même pas penser
à la solitude de mon coeur mendiant,
si la pernicieuse, la néfaste vieillesse
s'acharnait sur toi,
mordait ta peau, déchaussait
tes dents, et défaisait
la musique que tu fais en bougeant,

Maintiens-moi toujours dans la félicité
de tes dents égales, de tes yeux,
de tes parfums,
des étreintes que tu m'accordes
quand tu es restée seule avec moi
toute nue, dans les ombres,
sans autre lumiére que la tienne,
parce que ton corps éclaire quand tu aimes,
toi qui es plus tendre que les petites fleurs
avec lesquelles il m'arrive de te décorer.

Garde-moi dans la joie de regarder
le rythme de tes allées et venues quand tu marches
et, quand tu marches, à te bercer
comme si tu revenais de la fontaine
avec une jarre d'eau sur l'épaule.

Et quand je deviendrai vieux,
et gras, et chauve, ne t'apitoie pas
devant mes yeux enflés, devant mes fausses
dents, des poils blancs qui me sortiront
du nez. Éloigne-moi,
ne prends pas pitié, envoie-moi en exil, je t'en supplie;
belle alors, jeune comme maintenant,
ne m'aime pas; souviens-toi de moi
comme j'étais quand je te chantais, quand j'étais
ta voix et ton bouclier,
et que tu étais seule, et ma main t'a servi.

 

 

 

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