L'art  16

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Un peu de poésie : Extraits littéraires

Chacun se dit ami: mais fou qui s'y repose
Rien n'est plus commun que le nom
Rien n'est plus rare que la chose

La Fontaine Parole de Socrate

*
La démocratie existe, j’ai marché dedans

Populaire
*

Comme la nuit est lointainement pleine de silencieuse infinité claire...

Jules Laforgues

*

Les sanglots longs des électrons de l'atome
Percent mon cœur d'une chaleur mégatonne.
Tout suffocant et blême quand sonne l'heure H,
Je me souviens des jours anciens et je flashe.

Philippe Ulrich

*

Ceux qui vivent ceux sont ceux qui luttent, ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.
Ceux qui d'un haut dessein gravissent l'âpre cime
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime,
Ayant devant les yeux, sans cesse nuit et jour
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.
C'est le prophète saint prosterné devant l'arche,
C'est le travailleur pâtre, ouvrier, patriarche, 
Ceux dont le cœur est bon, ceux dont les jours sont pleins.
Ceux-là vivent, Seigneur, les autres, je les plains.
Car de son morne ennui, le néant les enivre,
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.

Victor Hugo
 
*

A l'endroit où les fleuves se jettent dans la mer, il se forme une barre difficile à franchir et de grands remous écumeux où dansent les épaves. Entre la nuit du dehors et la lumière de la lampe, les souvenirs refluaient de l'obscurité, se heurtaient à la clarté et , tantôt apparents, montraient leurs ventres blancs et leurs dos argentés.

Boris Vian

*

Comme j'en étais là de mes réflexions
C'est tout un couvent qui fit irruption
Criant c'est pas sûr qu'au Seigneur ça plaise
Si vous gardez seul toute cette braise
Je leur dis mes biches vous cassez pas le tronc
Je ne suis pas un fan de votre patron
Mais en guise de régime pénitentiel
Je veux bien avec vous m'envoyer au Ciel

*

Et je suis là moi sans rien dire
Retenant les oiseaux dans ma bouche fermée
Et j'étrangle ma muse et j'étouffe ma lyre
Pierre Perret
*

Et que faudrait-il faire?

Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme le lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce,
Grimper par ruse au lieu de s'élever par force?
Non merci. Dédier, comme tous ils le font,
Des vers aux financiers? se changer en bouffon
Dans l'espoir vil de voir, aux lèvres d'un ministre,
Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre?
Non merci. Déjeuner, chaque jour, d'un crapaud?
Avoir le ventre usé par la marche? une peau
Qui plus vite, à l'endroit des genoux, devient sale?
Exécuter des tours de souplesse dorsale?...
Non merci. D'une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l'autre, on arrose le chou,
Et donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir un encensoir, toujours dans quelque barbe?

...

Non merci! Calculer, avoir peur, être blême,
Aimer mieux faire une visite qu'un poème,
Rédiger des placets, se faire présenter?
Non merci! non merci! non merci! Mais... chanter
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l'œil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre quand il vous plaît son feutre de travers,

Pour un oui, pour un non, se battre ou faire un vers!
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
A tel voyage, auquel on pense, dans la lune!
N'écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d'ailleurs, se dire: mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles!
Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d'en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d'être le lierre parasite,
Lors même qu'on n'est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul!

Edmond Rostand Cyrano

*

Les chants désespérés sont les chants les plus beaux et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots

Alfred de Musset

*

L’homme est bon , mais le veau est meilleur

Brecht

*

"Puis Al-Mitra reprit la parole et demanda : "Que peux-tu nous dire sur le Mariage, maître ?"
Et il répondit :
"Ensemble vous êtes nés et ensemble vous serez à jamais.
Et ensemble vous resterez, lorsque les ailes blanches de la mort éparpilleront vos jours.
Et toujours ensemble vous resterez, même dans la mémoire silencieuse de Dieu.
Mais dans votre communion, créez des espaces et laissez y danser les vents célestes.
Aimez-vous l'un l'autre, mais ne faites pas de l'amour une contrainte.
Que l'amour soit plutôt une mer mouvante entre les rivages de vos âmes.
Remplissez chacun la coupe de l'autre, mais ne buvez à la même coupe.
Partagez votre pain, mais n'en mangez pas du même morceau.
Ensemble chantez et dansez et soyez joyeux, mais que chacun de vous soit seul,
Comme les cordes du luth sont seules alors qu'elles frémissent sur la même mélodie.
Offrez votre cœur, mais sans que l'autre en devienne le possesseur.
Car seule la main de la Vie peut contenir vos cœurs.
Et dressez-vous ensemble mais pas trop près l'un de l'autre.
Car les piliers qui soutiennent le temple se dressent à distance,
Et le chêne et le cyprès ne s'élèvent pas dans l'ombre l'un de l'autre."

                                             Khalil Gibran, Le Prophète                                          

                                                                        *

 ..., ne demandez pas que des mots sortent de ma bouche, je n'y ai que des dents.

                                                         Brecht

                                                                         *

Plutôt la mort que le déshonneur .
Mais l'honneur ressemble aux jupes des femmes. Il se porte long, il se porte court, il se porte large, il se porte étroit, il se porte avec des jupons, il se porte sans culotte.

                                                       Aldous Huxley

                                                                                                      *

 

LE GEAI GELATINEUX GEIGNAIT DANS LE JASMIN

"Le geai gélatineux geignait dans le jasmin"
Voici, mes zinfints
Sans en avoir l’air
Le plus beau vers
De la langue française.

Ai, eu, ai, in
Le geai gélatineux geignait dans le jasmin…
Le poite aurait pu dire
Tout à son aise :
"Le geai volumineux picorait des pois fins"
Eh bien ! non, mes zinfints.
Le poite qui a du génie
Jusque dans son délire
D’une main moite
A écrit :
"c’était l’heure divine où, sous le ciel gamin,
LE GEAI GELATINEUX GEIGNAIT DANS LE JASMIN."

René De Obaldia

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