| Les vacancesC'est la suspension frénétique de la micro-seconde d'existence dans l'œil
    imberbe de l'esthète repus, rotant et pétant tout azimut, cervelle en
    bouillie insensibilisée par les grands crus ingurgités sur des coins de
    table à mouches dans des décors de fin du monde à chambouler la
    conscience en bas de son socle fragile, à couper le souffle tels les
    borborygmes inintelligibles poussés par une jeune vierge émue au moment du
    rut, d'un filet de voix d'agonisante au moment de vous avaler de ses grands
    yeux verts tel un souvenir éphémère et volatile, une micro-seconde d'éternité
    volée à la dépouille ambulante du temps présent, cet assassin vorace de
    nos rêves et de nos espoirs. Les vacances c'est tout ça, c'est l'instant
    zen de vérité, le face à face avec soi-même, dans le dépouillement
    absolu, c'est l'oisiveté chantée à tue-tête, dans des ruelles de clairs
    de lune inoubliables, alors que la vie de notre gorge se tarie davantage,
    essoufflée des saisons passées dans les mêmes recommencements, un bout de
    tunnel qui sent la vieillesse et la mort. Les vacances c'est cette joie
    tranquille de l'enfant retrouvé, étendu dans les hautes herbes craquantes,
    l'esprit enivré de ce vin de racines et de fruits, c'est ce sourire béat
    à la vie alors que la tête sous les bras repliés, le regard perdu dans
    les frondaisons agitées par le souffle coquin du vent, on aperçoit
    carouges à épaulettes, hirondelles à la bedaine blanche comme la craie de
    mer, et autres petits oiseaux aux gazouillis éperdus vagabonder de par le
    ciel en des ritournelles et des culbutes abracadabrantes sur les branches
    d'un ciel éclaté de soleil, débusquant des hautes herbes sèches qui
    ploient et se cambrent sous le vent, des odeurs fortes de vie qui vous étripe
    et vous laisse, pantelant, à chercher des mots, dans le tumulte grondant du
    torrent des images réveillées, des ellipses et des métaphores qui soit
    dignes de ce que vous avez vécu dans la micro-seconde, le neuno-instant d'éternité
    retrouvé, volé au temps présent déjà mort avant même que de naître
    tel à l'instant du coït le cri jamais poussé, resté à bout de gorge,
    emprisonné dans le papier fin d'une image insensée, qui ne peut
    s'articuler en mots au risque de nous emporter avec elle dans une autre réalité
    en marge de la nôtre.
 
 
 
 Vacances
 Moment où la femme mariée, seule avec les enfants, rêve d'une autre
    queue.
 Moment où l'homme marié, seul sans les enfants, rêve d'une autre qu'elle.
 
 Toute l'année sur la paille pour un mois sur le sable.
 
 Époque où on écrit des banalités à la famille, sur des rectangles en
    carton avec photo au dos, censée représenter l'endroit où on se trouve.
 Les hommes portent des shorts, des sandales et des T-shirt invraisemblables
    pour se prouver qu'ils sont pas au boulot.
 Mois durant lequel j'en fais bien plus qu'au boulot, avec la même paye !
 
 Instant d'aveuglement où les nanas se prennent pour Loana, même quand
    elles ont des culottes de cheval taille XXL, et les mecs pour Rambo, avec
    leurs gros bides. Et en sus, ils redemandent des frites avec les moules.
 
 
 Séjour que je mets à profit pour relire Proust , histoire de me rappeler
    quel est le personnage de la Recherche qui ne finit pas homosexuel
    (d'ailleurs, si quelqu’un d’avisé pouvait me le dire, merci d'avance !
    Je pourrais enfin commencer l'intégrale de Paul Guth).
 
 
 
 Métafort des hâles (Chronique de vacances sans fin)
 
 Si l'allégorie n'est souvent qu'une métaphore continuée par une suite de
    traits, alors mes vacances furent cette jeune plante arrosée des eaux du
    ciel et pas longue à porter des fruits tant je fus arrosé par le crachin
    breton.
 Sur le caillou entouré d’iode dilué ou je décidais de stocker la chair
    de ma chair avec moule à châteaux et outillage de grattage et
    d’excavation divers, je ne trouvais pas la satisfaction que procure
    l’introduction du fétiche des fétiches dans la vallée de rose mauve
    nacré d’une locale îlienne ou même d’une mangeuse de Gouda défoncée.
 Car vous entendez bien, que la pomme qui tenta la pitoyable Eve n'était
    point le fruit d'un pommier et que c'est là une allégorie dont je vous révèle
    ici le sens.
 Et que cette Pomme n’était pas pour moi.
 Et que l’aile du Temps me battit à longueur de cadran me laissant à
    peine le loisir de chiader quelques ellipses langagières qui me font me
    secouer seul le pylore rien que d’y penser.
 Car mes allégories, leur traitement formel, leur soin et leur cohérence
    sont supérieures à celles de la plupart de mes concurrents. Je me meuh
    avec une rare habileté dans les deux plans parallèles que requiert ce système.
 Je sais accrocher à des mots à double entente son transparent romanesque,
    et laisse à merveille apparaître, mais sans lui-même s'effacer, le fond
    significatif de la toile.
 Je suis frappé par mon savoir-faire dans ce système sémiotique très
    riche, où le critique s'exprime non seulement par la signification seconde,
    mais par les rapports entre l'image allégorique et son correspondant suggéré,
    par la mise en oeuvre de cette image, par la suggestion plastique, enfin par
    une sémantique lexicale élaborée, qui manifeste déjà un goût certain
    et sûr pour l'analyse du contenu des mots.
 Tout ça en Bretagne.
 Pays des Celtes, des Fest Noz, de l’huître de Cancale que ma jeune fille
    au pair ex-soviétique refuse toujours d’avaler de peur qu’elles
    remontent la nuit pour se venger - qu’est ce que j’avais besoin de lui
    raconter ces conneries - de la galette de Pont-Aven, ça elle en croque, des
    rades de Brest, pas de souci pour lever le coude, ça, pas de problème.
 A ce propos, voici une métaphore gestuelle que m’enseignait l’auteur de
    mes jours en un temps où personne n’était sûr que nous n’ayons pas à
    " inviter " un tankiste de l’Armée Rouge à table.
 D’ailleurs, l’aurions nous assis à gauche ou à droite du Maître de
    maison ou directement sur les genoux de Maman qui aurait bien fait sa
    Balasko avec un accordéoniste sautillant.
 Les mouvements sont simples.
 Le premier est naturel : vous êtes debout, bien droit, les bras le long du
    corps.
 Vous dîtes " TO ".
 Le second mouvement est plus sophistiqué.
 Toujours debout vous remontez les bras à l’horizontale dans le plan du
    corps créant ainsi une sorte de T. Puis vous pliez les avant bras jusqu’à
    la verticale. Vous ressemblez maintenant à un trident dont la pointe du
    milieu est votre tête.
 Vous dites " VA "
 Enfin, vous levez les bras au ciel dans la posture de Superman quand il est
    à fond ou du plongeur dans l’eau mais en restant debout toujours.
 Vous dites " RICH ".
 Ainsi, en enchaînant les mouvement assez rapidement, vous faites un peu de
    gym, vous apprenez le russe et vous pouvez accueillir une colonne de chars
    Rouges sans risquer tout de suite la déportation.
 C’est une métaphore hilarante à faire au bistrot (encore un mot russe)
    aussi appelée métaphore de café.
 Nous sommes là à la racine du mal, à la source de chagrins... car, depuis
    les formalistes russes (ils sont partout), ce procédé sémantique agissant
    par analogie s’oppose à la métonymie, procédé sémantique agissant par
    contiguïté, qui me botte vachement et éclate tous les psys de la Terre.
 Même dans le discours des spécialistes, ces pirouettes désignent erronément
    et fréquemment d'autres procédés, la synecdoque par exemple, qui prend le
    plus pour le moins, la matière pour l'objet, l'espèce pour le genre, la
    partie pour le tout, le singulier pour le pluriel... ou inversement.
 Je te dis pas le bordel quand les mortels sont pris pour des hommes, le fer
    pour une épée, l'ennemi pour les ennemis, une voile pour un navire, la période
    des cloques sur ma peau de rouquin pour les vacances, etc... et tout ce qui
    tend à absorber toute la terminologie des tropes quand un mot ou une
    expression sont détournés de leur sens propre.
 Comme vous vous le figurez.
 Maintenant ; fermez les yeux et imaginez de tels procédés si ils tombaient
    chez des mecs d’extrême-droite.
 Heureusement ces trucs là les branchent moins que d’astiquer leurs
    matraques mais, si pendant la longue vacuité aride du temps présent que
    vous ne passez pas à travailler, c’est à dire à fuir votre logis et vos
    proches pour respirer un peu, vous tombez sur un petit Klemperer, voyez donc
    ce que les nazis ont fait de la métaphore et de l’allégorie.
 
 En me roulant dans La Bruyère bretonne, plante de caractère qui disait :
    " les esprits justes, et qui aiment à faire des images qui soient précises,
    donnent naturellement dans la comparaison et la métaphore ", pendant
    ce temps maudit où les Meilleures Ventes de Livres pètent les scores, me
    causant à moi même en l’absence de tout analyste à engraisser, j’élaborais
    que toute métaphore fondée sur l'analogie (cramponnez vous si vous n’êtes
    pas là où le soleil brille) doit être également juste dans le sens
    renversé.
 Ainsi, l'on a dit de la vieillesse qu'elle est l'hiver de la vie, renversez
    la métaphore et vous la trouverez également juste, en disant que
    "l'hiver est la vieillesse de l'année". Quant à l’été,
    Chamfort n’en a rien dit mais il devait n’en penser pas moins en
    lustrant son fiacre pour enquiller la voie royale n° 7 avec femmes et plus
    belle conquête de l’homme de rechange.
 Car ce n’est pas la femme la plus belle conquête de l’homme, mais bien
    le cheval qui, accouplé à Elle donne la mule.
 Pendant les périodes où il se faisait chier à la mer, Hugo, dit Gautier,
    " entre autres, a fait sur eux (les enfants) une foule de vers
    adorables... " Stop !
 Si nous pilons là, j’en déduis que, victime d’occiures adorables, VH a
    fait son caca sur des enfants.
 Non !!! Ca se saurait !
 Ne travaillant pas à TF1, je cite donc la phrase entière.
 Hugo, dit Gautier, " entre autres, a fait sur eux (les enfants) une
    foule de vers adorables où les métaphores gracieuses sont épuisées : ce
    sont des fleurs à peine épanouies où ne bourdonne nulle abeille au dard
    venimeux, des yeux ingénus où le bleu d'en haut se réfléchit sans nuage;
    des lèvres de cerise que l'on voudrait manger et qui ne connaissent pas le
    mensonge (...) tout ce qu'on peut imaginer de coquettement tendre et de
    paternellement anacréontique ", qui veut dire en fait : qui fait
    bander sévère vu que ce texte là et ceux de VH sont absolument pédophiles.
 
 Néanmoins, l’utilisation
    rationnelle de ce « petit Jésus » là a occupé une bonne
    partie du siècle dédié à attendre que les bambins soient congelés dans
    un nectar transparent et salé mais à 17 ° quand même ce qui en fait un
    lointain cousin du Martini on the rocks que se mettait à téter de plus en
    plus souvent Anna, la russe, surveillant, drink en pogne, mes pré-pubères
    à la jumelle de marine.
 Je ne manquais jamais de lui glisser : " à l’eau Anna " car
    elle est blonde comme les blés aussi et fait très bien Co Co girl.
 Sautant du Coca light, je me dis en mon métafort intérieur : si c’était
    mon Jésus que l'on mangeait et que l'on buvait; il deviendrait la vraie Pâque,
    l'ancienne ayant été abrogée par son sang.
 Impossible de traduire dans notre idiome essentiellement déterminé, où la
    distinction rigoureuse du sens propre et de la métaphore doit toujours être
    faite, des habitudes de style dont le caractère essentiel est de prêter à
    la métaphore, ou pour mieux dire, à l'idée, une pleine réalité.
 De fait, pour déplacer un peu et risquer moins l’irréversible d'une
    castration réelle, je me suis coupé la moustache.
 Ce déplacement, ce transport, ce transfert... qui a comblé une importante
    partie du vide estival parfois strié des hurlements de chérubins pulvérisant
    un animal à pinces à coup de granit massif m’a amené à penser que la métaphore
    pouvait ne consister qu’à transporter un mot de sa signification propre
    à quelque autre signification, en vertu d'une comparaison qui se fait dans
    l'esprit et qu'on n'indique pas.
 C'est une transposition par comparaison instantanée.
 Les vacances aussi.
 Non ! j'ai pas dit vacances.
 
 Je pourrais faire se succéder indéfiniment dans une description les objets
    qui figuraient dans le lieu décrit : crabe, plage, serviette, badmington,
    crêpe au sucre, piqure d’oursin, timbre poste, angine carabinée..., la vérité
    ne commencera qu'au moment où je prendrai deux objets différents, poserai
    leur rapport, analogue dans le monde de l'art à celui qu'est le rapport
    unique de la loi causale dans le monde de la science, et les enfermera dans
    les borroméens nécessaires d'un beau style, le mien; même, ainsi que la
    vie, quand, en rapprochant une qualité commune à deux sensations, il dégagera
    leur essence commune en les réunissant l'une et l'autre pour les soustraire
    aux contingences du temps, dans une métaphore.
 Le temps se retrouve, bientôt je changerai de nouveau à Madeleine et
    j’aimerai ça.
 
 
 
 
 
  Les vacancesAh les vacances ! On s'y baigne dès que le premier jour de repos fleurit,
    et malgré le temps qui fond comme neige au soleil, on croit que la
    clepsydre retient son souffle pour ne plus couler. Le repos s’immisce
    alors dans notre esprit, engourdissant la moindre idée belliqueuse qui
    pourrait y germer. C’est alors que la lumière de nos intentions
    chasseresses balaye lentement l’océan des possibilités saisonnières de
    satisfaction sexuelle. Dès qu’un signal en retour illumine notre oeil
    resté dans l’expectative, la cible se fixe sur l’objet de notre désir.
    Le zoom grossit alors les détails de la victime potentielle afin de vérifier
    si la clé est à la taille de la serrure, il ne faut pas qu’elle tourne
    dans le vide, ni qu’elle en abîme les contours. Une fois le gibier
    choisi, la ruse est une arme redoutable. Quelques coups de pagaie pour une
    approche rapide puis on se laisser flotter jusqu’à l’abordage.
 Une fois sur le même radeau, on lâche enfin du lest, les sacs de tabous,
    les caisses de remords, le poids de l’infidélité, tout part à la
    baille, on doit se sentir léger. Mais il faut garder en tête une précaution
    majeure : toujours avoir un gilet de sauvetage, question de survie et ça
    n’empêche pas de goûter les saveurs de l’air iodé.
 Puis on se retrouve généralement échouée, sur une plage inconnue, de
    l’écume plein le visage, des crabes dans les cheveux, vidée de fatigue
    et remplie de solitude. Amère malgré cette pêche miraculeuse, car au fond
    l’idéal serait un bateau qui s’amarre.
 Qu’importe ! Les vacances sont faites pour ça : plonger dans l’oubli, bâtir
    des châteaux en Espagne, cueillir le jour et s’envoyer en l’air la nuit
    !
 
 
 
 
 les congés payés
 Seuls quelques privilégiés, avant le grand mouvement contestataire des
    masses populaires, d'il y a l'équivalent de l'âge légal de la retraite
    d'avant Mauroy Premier ministre, n'avaient pas à mener l'existence rythmée
    par l'occupation obligée qui attribue cycliquement des valeurs permettant
    le développement de la cellule familiale.
 Dès l'avantage acquis, lâchant leur foyer diurne et leur bienfaiteur à
    moitié ruiné, les prolétaires enjambèrent les petites reines, et
    partirent découvrir sans traîner ni entraînement ce que chantera au fond
    des golfs clairs, à la porte de son garage le fou chantant.
 Envieux les voisins d'outre-Rhin, d'outre-Manche et d'outre Atlantique
    viendront perturber ce nouveau rite hexagonal. L'hôtellerie ne pouvant pas
    facilement se développer dans un cadre trop rustique mais néanmoins classé,
    la destruction par cas de force majeure des vieux quartiers fut l'occasion
    d'une opération immobilière sans précédent, pour satisfaire les
    survivants nostalgiques.
 L'armée avait expérimenté en ces circonstances majeures, l'organisation
    des déplacements de masse, qui restera à l'origine du tourisme moderne.
    Depuis tout s'est rationalisé, des camps spéciaux ont poussé dans des régions
    réputées inhospitalières, et les moindres recoins aménagés pour
    accueillir des flots de visiteurs.
 Trois grandes destinations ont longtemps retenu l'attention des assoiffés
    de liberté à temps limité, la mer bleue, la montagne blanche et la
    campagne verte.
 "Mais qui sont ces transhumeurs ?"
 Des citadins au début, qui sans moisson, perdus, et au temps chaud
    voulurent retrouver le champ de leur jeunesse après avoir répondu au chant
    de la ville ; Puis bravant une répulsion naturelle pour l'eau, ils se dénudèrent
    en foule face à la houle salée, et se firent dans le vent cuire au soleil
    mangeant crus leurs sablés.
 Petit à petit, les grands de ce monde durent se réfugier dans les
    montagnes pour éviter ces nouveaux arrivants, puis de plus en plus loin, se
    terrant en pleine mer ou même maintenant dans l'espace.
 La faiblesse des différents gouvernements, cédant aux lobbies des
    puissances obscures du farniente, a créé après la cinquième semaine, la
    semaine de 35H00, provoquant le désespoir d'un bon nombre d'organisateurs
    de séjour en entreprise, concurrencés par de vulgaires opérateurs de
    tours, dont l'activité créé de plus en plus d'emplois, enlevant les
    meilleurs spécialistes à l'industrie moribonde.
 Demain la planification des occupations humaines, gérée en harmonie avec
    l'ADN personnel, permettra d'abolir les frontières entre l'occupation
    surveillée par le gentil organisateur de temps de non-congés, et le temps
    surveillé par le gentil organisateur de temps de congés.
 Et même qu'il n'y aura plus de bouchons, car même futé un bison est
    incapable de gérer la circulation, on confiera non pas au canard mais à
    l'escargot la responsabilité car lui a quelques opérations réussies derrière
    lui.
 
 
 LES SABIRATEURS ( tous droits réservés )
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