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FOIX (AFP)

 

 9 militants anti-OGM, dont José Bové, sont poursuivis pour la destruction d'une parcelle expérimentale de colza transgénique en avril 2000.

                                            

QUI EST JOSE BOVE ?

 

Joseph Bové est né à Bordeaux en 1953. Le surnom José lui sera donné plus tard.

 

Itinéraire d'un agitateur

L’origine familiale

 

Son père, fils d’un maraîcher luxembourgeois, sera naturalisé lorsqu’il deviendra directeur régional de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et membre de l’Académie des Sciences ( la presse minimise ce fait en parlant de "chercheur").

La famille, passait des vacances dans une résidence secondaire à Lacanau-Plage. La fréquentation du bord de mer lui a permis de se familiariser avec la mer. Cela lui servira à Mururoa contre la marine française.

Ce ne sont pas les prolétaires qui font la révolution mais des bourgeois. Déjà, au Congrès de la salle d’Arras à Paris en 1876, les ouvriers mutuellistes écartèrent de leurs débats les "bourgeois, bien intentionnés sans doute, qui cherchent des remèdes à nos maux dans des théories et des élucubrations au lieu de prendre en considération les réalités". Pour cela ils se sont fait insulter par les révolutionnaires.

La formation scolaire et universitaire

  A trois ans, ses parents l’emmènent avec eux aux États-Unis : Brillants chercheurs, ils sont invités à l’université de Berkeley. A son retour, il parle couramment l’anglais (

Inscrit dans un lycée bilingue près d’Athis-Mons tenu par des Frères, il en sera exclu pour "irreligion" en 1968 ( Il a quinze ans ) : Il avait fait, dit-on, l’apologie de la drogue dans une dissertation de français. ("Le Vrai papier Journal", septembre 2000 ).

Demeuré seul à Paris (ses parents étaient mutés à Bordeaux) il passe beaucoup de temps dans les galas libertaires  réussissant quand même son bac avec mention. Il envisage l’enseignement de la philosophie, et s’inscrit en hypokhagne et en faculté à Toulouse où en 1971, il rencontrera sa première compagne, Alice Monier .

Un endoctrinement qui associe théorie et pratique

Il est acquis très jeune au pacifisme et à l’antimilitarisme. Il avait une quinzaine d’années lors de sa première arrestation après une manifestation en Savoie. A 17 ans, il organise la projection du film antimilitariste de Peter Watkins, "La Bombe".

Il a été marqué par la fréquentation, dès 14 ans, de la Communauté de Lanza del Vasto, une sorte de gourou revenu de l’Inde avec une philosophie de "non-violence active". De cette époque, Bové a retenu qu’il faut donner une image : Proclamer par exemple qu’on va "démonter" le Mc Do pour ne pas dire qu’on va le saccager, alors que cela revient au même.

Pendant son séjour seul à Paris, début 1970, à 18 ans au Quartier latin, il est pacifiste et antimilitariste. Il milite également dans des mouvements hostiles à la guerre du Vietnam. Avant les "routards", il effectue un "voyage initiatique" en Inde où il rencontre Gandhi en 1973. Il a alors 20 ans.

Aux idées "pacifistes", se sont ajoutées des idées anarchistes et libertaires, Bové sympathise avec le groupe "Anarchisme et non-violence"  et se reconnaît dans la CNT  : "Je suis un anarcho-syndicaliste. Mes références, ce sont la fondation de la 1ère Internationale au siècle dernier et la CNT espagnole en 1936".

Toutefois, quand il s’agit du grand public, il rejette le mot "anarchie".  Il explique ainsi au "Vrai Papier Journal" (septembre 2000) : "Dire que tu es libertaire ou que tu viens des idées libertaires, c’est immédiatement le repoussoir à cause de cette bande de branques qui en ont fait un repoussoir.  Si être anar, c’est faire uniquement référence aux pensées du XIXème comme l’ont fait les marxistes, ça ne rapporte rien.  Aujourd’hui, agir passe par une réflexion sur l’Etat, sur la technique, sur la façon dont ce système devient de plus en plus totalitaire, sur la façon de l’économie à s’autonomiser".

Comme on le voit l’engagement politique du jeune Joseph Bové a commencé très tôt. S’il a été arrêté par la police vers quinze ans, cela veut dire que l’endoctrinement a commencé plus tôt, vers treize ou quatorze ans, voire moins.  De plus on constate que le marxisme commence à l’athéisme selon une formule de Marx.

Il faut admirer la formation de "plein vent" qu’il a reçue (ou qu’il s’est donnée) même si cela suppose des moyens financiers qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses.

  L’agitateur politique

Pour les vacances de Pâques 1973, Bernard Lambert organise le premier grand rassemblement du Larzac ( 30.000 personnes ). Il a besoin de militants pour encadrer cette manifestation. "Par hasard", José Bové part avec Alice Monier au Larzac. Ils découvrent donc ce qui est déjà un haut lieu de lutte pour l’extrême gauche en France  et font la connaissance de Bernard Lambert. Il a vingt ans. Avec Alice Monier, il abandonne alors l’université. Ils participent aux côtés d’étudiants de toutes tendances, marxistes, trotskistes, chrétiens de gauche, etc... à la reconstruction de la ferme de la Blaquière, pratiquement une ruine. C’est donc le "hasard militant" dira Bové  qui l’a transformé en agriculteur. L’année suivante, à l’été 1974, il y aura 50.000 participants. Ils participent à l’opération Moisson pour le tiers monde.

José Bové se trouve par un hasard heureux parmi les quelques militants qui évitent à François Mitterrand, candidat battu quelques semaines auparavant, d’être pratiquement lynché par des groupuscules maoïstes. Le futur président de la République ne l’oubliera pas : dès le 3 juin 1981, il donnera aux "paysans" les 6.300 hectares occupés par l’Armée.

En 1976, le couple Bové s’installe dans un des hameaux de Montredon, un village abandonné... depuis 1920. Ils squattent des terres appartenant alors à l’armée. Il obtient de Pierre Mauroy, le jumelage de ce village abandonné avec la mairie de Lille.

Le couple se lance dans l’agriculture d’élevage et la fabrication de tomes, une incongruité au pays du roquefort.  Aujourd’hui, un GAEC compte 560 brebis, dont 340 élevées pour le lait vendu aux caves de Roquefort et 220 pour la viande, 10 vaches et 40 cochons (autre exemple de ferme, la ferme-accueil de la Salvetat, récupérée aux militaires).  Sur place, petit à petit les "babas cool" et autres gauchistes s’installent, faisant de ce plateau une véritable réserve ethnologique de gauche.

Bové fait partie des vingt-deux personnes qui investissent cette même année 1976 le camp militaire et s’emparent de documents attestant la vente de terrains par divers paysans .  Il fait trois semaines de prison préventive, et est condamné à quatre mois avec sursis et privation de ses droits civiques. L’année suivante, il est au volant de l’un des 90 tracteurs qui pénètrent au champ de tir avec, sur le garde-boue, un soldat contestataire en cagoule, délégué par les comités de soldats (contrôlés en fait par la Ligue communiste révolutionnaire).

En 1978, Alice Monier et José Bové fondent un Centre cantonal des Jeunes agriculteurs, (CCJA), dont Alice devient vice-présidente. On note sa collusion avec les trotskistes.

Au cours des années, la lassitude s’installe sur le plateau. En février 1981, sans prévenir, deux syndicats agricoles (FDSEA et CDJA), s’apprêtent à accepter un compromis de mini-extension du camp. A l’issue du rapport présenté, Alice Monier et tout le CCJA démissionnent en plein congrès départemental.

Arrive la victoire de François Mitterrand, elle assure la victoire des jusqu’au-boutistes. L’Etat remet les terres acquises à la Société civile des terres du Larzac, composée d’associés, personnes physiques ou morales, utilisateurs à titre agricole ou non agricole, fermes, terres et bâtiments. "La SCTL (bénéficiaire du bail emphytéotique) a tout de suite fonctionné comme un vrai phalanstère" . "Le Nouvel Observateur"  précise qu’il s’agit d'une formule "sur mesure pour garder collectivement le pouvoir sur le Causse" .

Bové se consacre alors à la construction d’un syndicalisme agricole offensif. Dès septembre 1981, il fonde le "Syndicat des Paysans-Travailleurs de l’Aveyron, où se retrouvent les membres du CCJA.

En 1987, il est cofondateur de la Confédération paysanne, fusion des Paysans Travailleurs de Lambert et de dissidents de la FNSEA, regroupés dans la Fédération nationale des paysans  (née en 1982 (13). Il en est l’un des huit secrétaires nationaux. Leur programme développe une vision de plus en plus "anarcho-syndicale" . 

  Élaboration d’une star révolutionnaire

La personnalité locale

La reconnaissance syndicale officielle est essentielle dans ce combat. Outre de multiples manifestations et actions, notamment contre le GATT et la PAC, Bové développe sur place un syndicalisme très revendicatif, s’appuyant sur les petits producteurs de lait de brebis, indispensable aux caves de roquefort. Cogérant de la Société civile des terres du Larzac, il fonde et dirige le Comité Roquefort, devenu en 1987, le Syndicat des producteurs de lait de brebis, affilié à la Confédération Roquefort. Il ne sera reconnu par l’interprofession qu’après des luttes, occupations et divers saccages, en mai 1993.

Officiellement les relations sont, au début, froides avec Lionel Jospin, le Premier ministre ironisant sur "cet Astérix qui se prendrait pour un nouveau Tarzan". Le député de Haute-Garonne Patrick Lemasle, suppléant de Jospin et ancien membre de la Confédération paysanne  les "rétablira".

En 1995, il est le seul Français présent à l’opération de Greenpeace contre la reprise des (derniers) essais nucléaires français dans le Pacifique. Des zodiacs sont mis à l’eau quelques heures avant le premier essai, tentant d’échapper à la Marine nationale dans la passe de Mururoa. Les images feront la une des journaux américains du Pacifique. Les jours suivants des émeutes suivront en Polynésie française. Collusion de non-violents apparents avec les violents réels.

La vedette régionale

Le 8 janvier 1998, il mène la destruction d’un stock de maïs transgénique, au centre Novartis de Nérac. Il est condamné à huit mois de prison avec sursis et 500.000 F d’amende. L’opinion au cours de ces années s’avère de plus en plus favorable aux thèses protectionnistes de la Confédération paysanne : Poulet à la dioxine, OGM (organismes génétiquement modifiés), retrait des canettes de Coca-Cola, succession de scandales à propos de la "vache folle", etc. C’est alors que se produit "l’affaire du Mc Do de Millau".

L’affaire du Mc Do de MILLAU

Le 19 février 1999, un permis de construire est délivré à Mc Donald’s pour la construction d’un restaurant de 373 m². Le 11 mars, avec Raymond Fabrègues et deux autres délégués de la Confédération paysanne, José Bové séquestre deux chargés de mission de Jean Glavany à la préfecture de Rodez, tandis que les CRS chargent les manifestants à l’extérieur. Il ne sera pas poursuivi.

Quelques semaines plus tard, les États-Unis, dans le cadre de la bataille économique du boeuf aux hormones, décident de taxer à 100% divers produits agricoles français, dont le roquefort.  Un préjudice d’environ 14 millions de F pour les seuls producteurs et beaucoup plus pour le Syndicat.  Les producteurs de roquefort avaient à l’époque soutenu directement les activités antimilitaristes au Larzac dans les années 70 car le lait de brebis local est insuffisant et on doit en importer par avion de Corse.

Le 12 août, au lendemain de l’éclipse qui aurait risqué de faire passer sous silence l’opération, 200 éleveurs et sympathisants "démontent" le Mc Do en construction, provoquant pour environ 400.000 F de dégâts.  Les renseignements généraux départementaux ont été prévenus.  La police a même proposé à la Confédération paysanne de "faire semblant" en brûlant des planches de chantier et autres matériaux .

La somme finale s’élève à 768.000 F mais aucune expertise n’étaye ce chiffre dans le dossier d’instruction. Les parties civiles, dont Mc Do, se désisteront finalement "afin d’éviter des problèmes" . Juste après, afin de faire rebondir le dossier et de ne pas passer pour anti-américain, une ferme provisoire est installée à côté du Festival du film américain de Deauville. 

Après interpellation des comparses, quatre jours après les événements, un mandat d’arrêt est délivré, le 17 août, par le juge Nathalie Marty.  En plein été, où les nouvelles politiques font défaut, le magistrat transforme ainsi l’affaire en feuilleton national pour une manifestation qui n’aurait fait que quelques lignes dans les journaux parisiens. Bové est le nouveau "Robin des champs".

La vedette nationale

Bové cherche à se présenter libre, sans se faire prendre par les gendarmes. A son arrivée, les gendarmes l’arrêtent donc et il se fait prendre en photo au moment où il lève les poings menottés. Il s’agit de se montrer fier de ce qui devrait faire honte. C’est une forme efficace de subversion des valeurs. Cette image fait de lui une vedette. Il récidive en refusant de payer une caution, estimant sa lutte juste. Le gouvernement socialiste "se divise" sur ce nouveau Mandrin : Le ministre Verts Dominique Voynet lui envoie un télégramme de soutien, ainsi que Danielle Mitterrand, veuve de l’ancien président de la République. Cette démarche de Voynet et de D. Mitterand renforce l’effet subversif.

Un comité de soutien est aussitôt monté, rapporte "Libération" (24 août 1999) "à l’initiative d’Annick Coupé, responsable du syndicat SUD-PTT et de la LCR" . La Confédération paysanne est d’ailleurs, elle aussi pénétrée par la LCR.

Très vite, La "josébovémania" se développe : on parle même de lui comme d’un candidat à l’élection présidentielle ! On en a fait une vedette nationale en France.

La vedette internationale

L’intéressé multiplie les coups d’éclat médiatiques, cette fois au niveau international

Fin novembre 1999, il est aux États-Unis. Les télévisions s’arrachent ce French guy, parlant un anglais excellent, arrivé avec 200 kilos de roquefort à distribuer sur son passage. C’est la revanche des "fromages qui puent" sur la "World Company". As du marketing contestataire et soutenu par les médias, il devient la mascotte des manifestants. Son objectif est dès lors l’installation d’un "Observatoire de la mondialisation" à Genève, en relation avec les réseaux mobilisés lors du Sommet de Seattle.

Le 29 janvier 2000, il était officiellement invité au Forum économique mondial de Davos, cette réunion secrète des dirigeants des multinationales. Il y est arrivé avec une délégation d’une quinzaine de paysans. La police suisse a vu rouge, tiré une bombe lacrymogène dans le visage du leader paysan, avant de tirer sur lui, une fois à terre, à bout portant, des balles en caoutchouc dures comme des écrous.  Des images  qui ont scandalisé le monde entier. Vrai star, il est célèbre dans le monde entier.

Anti-français

En avril, il se rend à Nouméa, à l’invitation du FLNKS.  Il s’emploie aussitôt à mettre de l’huile sur le feu : "Je suis sidéré par la provocation policière qui règne ici.  A mon retour, je vais témoigner de cette compromission de l’Etat français en Nouvelle Calédonie (...). La Kanaky doit disposer d’elle-même" . Toujours et partout anti français.

Le révolutionnaire professionnel

Mais aujourd’hui José Bové n’est plus tout à fait un éleveur de brebis.  Un salarié financé par son syndicat le remplace dans sa bergerie. Il sillonne le pays pour vendre son livre, écoute durant des heures les doléances de ses lecteurs, s’envole pour la Colombie le 6 juillet.

En avril aussi, il est devenu le premier des trois porte-parole de la Confédération paysanne, remplaçant François Dufour. Profitant de l’"effet Bové", aux élections des chambres d’agriculture de janvier 2001, ce syndicat minoritaire, qui ne contrôle que quatre départements (Finistère, Loire-Atlantique, Réunion, Guyane), risque de se renforcer face à la FNSEA.

 

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