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Côte d´Ivoire: des combats ont lieu dans la deuxième ville du pays
ABIDJAN (AFP) - samedi 21 septembre 2002 - 7h10 -
Quelques heures seulement après son retour d'Italie et suite à une "réunion avec ses ministres", le président Gbagbo a souligné dans une allocution télévisée que son régime "n'est pas en face d'une simple manifestation de colère de quelques soldats, c'est une tentative de coup d'Etat". Selon une source militaire à Abidjan, les affrontements ont fait en 48 heures - forces loyalistes et assaillants confondus - "270 morts et 300 blessés".
Pour M. Gbagbo, les insurgés utilisent des "armes lourdes, nouvelles pour la plupart, des armes dont ne dispose pas notre armée - donc on ne peut pas dire que c'est l'armée de Côte d'Ivoire qui se rebelle - des armes utilisées dans les armées étrangères ou achetées à des gouvernements". "Ces armes-là et leurs cibles montrent bien que c'est la nature du régime de Côte d'Ivoire qu'on a voulu changer et transformer. C'est la Côte d'Ivoire qui est attaquée. (...) L'heure de la bataille a sonné", a-t-il souligné. "On nous impose une bataille eh bien! menons-la, menons-la avec courage, avec honneur et avec détermination !", a-t-il ajouté. "La Côte d'Ivoire est attaquée, mon pays est attaqué, mon devoir est de faire front. Je suis donc rentré pour continuer la bataille".
Pourtant, la bataille qui devait libérer les deux villes encore tenues par les mutins, Bouaké et Korhogo à plusieurs centaines de km au nord d'Abidjan, n'a pas encore eu lieu malgré les promesses répétées du ministre ivoirien de la Défense, Moïse Lida Kouassi. La "ville de Bouaké sera nettoyée avant la tombée de la nuit. Nous ne pouvons pas négocier avec les mutins tant qu'ils disposent d'armes", avait-il déclaré à la télévision sans préciser les effectifs mobilisés.
Un mutin se présentant comme le caporal Alexis Kouadio, "coordinateur des porte-parole" des mutins et affirmant se trouver à Bouaké, a déclaré que "le gouvernement refuse de négocier avec nous. Leur seule intention est de nous éliminer". Il a précisé qu'à Bouaké "la situation est calme, l'assaut n'a pas été donné. Des frères d'armes ont décidé de rallier notre cause". "Nous avons pris le contrôle des principaux camps de l'armée et de la Gendarmerie et pris possession du matériel. Nous sommes prêts à aller jusqu'au bout parce que nous défendons notre vie", a-t-il ajouté. Un homme se présentant comme "le sergent Aké, chef de tous les mutins" a annoncé que ses hommes "sont prêts pour l'assaut que le gouvernement veut lancer sur Bouaké et ont les moyens de descendre sur Abidjan". A Bouaké les civils, ivoiriens et étrangers, vivent dans la peur et l'incertitude et confirment que les mutins sont bien armés et tiennent la ville.
A Korhogo, dans le grand nord ivoirien à majorité musulmane, à une centaine de kilomètres du Burkina Faso, les mutins tiennent la ville et attendent un ordre ou une éventuelle attaque des forces loyalistes pour agir. Les militaires rebelles ont l'air bien organisés et disciplinés et il n'y a pas eu de pillage tout au plus quelques voitures particulières réquisitionnées. Selon la Croix rouge locale, la prise de la ville a fait un mort et trois blessés graves, dont un colonel.
La télévision ivoirienne a diffusé vendredi un appel du Centre national de transfusion sanguine pour des dons du sang volontaire "en raison des circonstances particulières que connait actuellement le pays". M. Gbagbo a confirmé le décès du ministre de l'Intérieur Emile Boga Doudou "abattu froidement" par les assaillants. L'ancien chef de la junte (1999-2000), le général Robert Gueï, accusé par les autorité d'être à l'origine des troubles, a également été tué jeudi dans des circonstances obscures.
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