Pensée de la semaine 19

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La retraite

 

Dans la semaine de labeur je me surprends quelquefois à soupirer et m'entends dire "Ah, vivement la retraite...". Dans un tel moment d'abattement passager, j'ai toujours une collègue bien intentionnée pour me dire, qu'il ne faut pas y compter et que, des retraites, il n'en verra rien ou pas grand-chose. Histoire de me remonter le moral sûrement !!!!!!!!! Mais bon, je suis la plus âgée du bahut, alors normal....

Il est vrai que c'est cette chanson optimiste qui est, à tort ou à raison, dans l'air en ce moment.

Je suis tombée sur un article qui met à mal cette théorie inéluctable dans une page du trop sous-estimé Charlie Hebdo d'il y a déjà quelques années.

-"Prenons la période de dégradation la plus rapide, c'est dire la période 2005-2025. Dans cette période, il suffirait d'un progrès de productivité de l'ordre de 0, 5 % par an pour compenser la diminution relative du nombre des actifs. Ainsi, les progrès de productivité, sauf hypothèse très défavorable, devraient permettre aux actifs du siècle prochain, dont le poids relatif décline, d'assurer un niveau de vie constant et très probablement croissant à l'ensemble de la population." Ah bon ?! Et qui nous présage un tel avenir radieux ? M. Denis Kessler, idéologue du Baron Seilliére.

Plus loin, on peut lire :

-"Quel que soit l'arbitrage retenu (entre taux de prélèvements sur les actifs, âge de la retraite et niveau de vie relatif des retraités), la croissance de la productivité permet de financer des pensions de retraites plus élevées qu'elle ne le sont aujourd'hui, et ce, pendant plus longtemps." Allons bon, de mieux en mieux... qui écrit cela ? Jean-Michel Charpin en 1999 dans un rapport sur les retraites où il préconisait le passage à 42,5 ans de cotisations.

Intéressant, mais alors que s'est-il donc passé ?

Retour, non vers le futur, mais en arrière:   automne 1997. Jospin réunit syndicat et patronat et leur annonce son intention de réduire la durée du travail. Gandois, chef du CNPF démissionne et laisse place à un tendre successeur : le baron Seilliére. Derrière le masque CNPF, celui du MEDEF. Aubry lui fait une loi des 35 heures en lui donnant en échange la flexibilité du travail. Le travail devient flexible, très flexible.

Kessler et Notat modifient l'assurance-chômage. Mais le baron, lui, vise les 1000 milliards de francs de retraites versées annuellement en France. Ben oui, c'est des sous quand même, faut le comprendre.

Astucieux, il demande d'abord une réforme des retraites complémentaires des cadres et des autres salariés du privé en gardant dans un coin de sa tête le régime de base. Et c'est le chantage :

"Ou bien vous acceptez la durée des cotisations à 45 ans ou bien les patrons ne verseront plus les cotisations."

Comme ça, c'est bien, on a le choix.

Révolte à juste titre des intéressés. Mais pour le baron, les salariés vivent plus vieux doivent donc cotiser plus longtemps. Ben voyons, quoi de plus naturel ? vous ne voudriez pas en profiter en plus ?

Et maintenant, une petite analyse. La retraite par capitalisation ne créée rien, ni grain de blé, ni médecin, ni heure de cours. Rien si ce n'est de la spéculation. Donc du profit pour les actionnaires.

Va-t-on réellement manquer d'argent pour payer mes retraites ? Oui, si la proportion d'inactifs par rapport aux actifs augmente plus vite que la productivité du travail. Ce qui n'est pas le cas. La proportion d'inactifs par rapport aux actifs va augmenter de 25 % dans les quarante ans à venir, soit 0,56 % par an, celles des retraites de 77 % soit 1,44 % par an. Et la productivité augmente, elle, de 2 à 2,5 % par an.

Mais alors, à quoi on joue ? Le baron, lui, parie que tous les gains de productivité à venir passeront sous le nez des salariés et anciens salariés car c'est comme cela depuis 20 ans et qu'il n'y a pas de raison que cela change. Sinon, il faudra partager une masse salariale (y compris les retraites) stagnante au sein d'une population plus vieille. Et puis, le baron, le partage….

En résumé, la progression des cotisations au fur et à mesure du vieillissement de la population sera tout à fait supportable grâce aux gains de productivité, surtout si l'assiette des cotisations est élargie à toute la valeur ajoutée, et non pas cantonnée aux salaires.

Venons en aux 500 000 manifestants qui sont descendus dans la rue dernièrement. Le dilemme et l'avenir sont simples soit les 500 000 deviennent un million puis deux et le baron bat en retraite sur les retraites. Soit on laisse faire et ils auront raison.

 S'il faut descendre dans la rue, on descendra plutôt que de s'y retrouver un jour............ mais sans retraites.

 

 

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