Les pensées qui m'envahissent 20

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Le prince charmant

 

"Grande et belle plante très mince et. Sup. Prof. Lib. Sur friche après l'orage partagerait soleil pour l'été ou pour la vie."

"Zèbre moderne re. Gazelle non conformiste pour parcourir les steppes inédites de la vie."

"Jol. 45a 1m71 sensu. Non conform. Jazzy voyag. Ch. Epicu. Humour libre 53 max."

Qui n'a pas plus d'une fois parcouru ces annonces le sourire aux lèvres Prix de la ligne oblige, cela peut frôler quelquefois l'étrange, voire l'abscons :

"32a. Spor. Epic. Sed. Brun. B. Phys. Ch. F. Raf. B. phys.b.niv."

Au-delà des formules et des mains tendues maladroitement à la personne tant attendue, c'est une touchante solitude qui résonnera dans ces lignes

Autant de lignes au travers desquelles on ne lit que le vide, l'attente. Qui du prince charmant que l'on attend depuis si longtemps, qui de la belle au bois toujours dormant.

On peut se sentir ému par tous ses appels au secours, signaux de détresse sans grande gravité, qui s'échappent régulièrement du silence assourdissant des grandes agglomérations.

Au-delà du CAC 40, des législatives, des matchs de foot et de Roland Garros, il y a dans chaque immeuble, dans chaque maison toutes ces êtres qui attendent trop seules leurs sœurs, leurs moitiés de pommes.

Au risque du ridicule qui ne tue plus depuis longtemps, je me demande si le prix à payer de cette société n'est pas un peu trop fort, un peu absurde. Le prix de ce combat bizarre où la réussite personnelle devient seul but, où l'argent est élevé en ultime valeur dans une course sans cervelle où hommes et femmes n'ont plus le temps de se parler, ni de se rencontrer, si ce n'est par petites annonces interposées.

Quand l'homme, la femme, rentre le soir, fatigués, ils leur restent tout juste assez d'énergie et d'espoir pour écrire lentement leur petite annonce. Petit message de détresse lancé au hasard dans sa petite bouteille. Lancé à la mer dans cet océan de solitude.

Et chaque matin, se lever, ouvrir sa boîte aux lettres et y chercher la réponse, la lettre de l'autre tant espérée qui donnera une bonne, une vraie raison de se lever chaque jour.

Quelle femme ne s'est jamais rêvé princesse ? laquelle d'entre vous, mesdemoiselles mesdames, ne s'est-elle imaginée, réveillée de ce rêve qu'est la vie, par le doux baiser du prince charmant ? Some day my prince will come... Comment vous en vouloir bercée depuis tant et tant d'années par Andersen, Walt Disney et la voix déchirante de Billie Holiday ? Comment  en vouloir aux hommes de ne pas être à la hauteur de ce mythe impossible ?  Parlons aujourd'hui du prince charmant ou du moins de son état premier : le crapaud.

Ah.... le crapaud, drôle de bête tout de même, pensera l'homme, symbole depuis la nuit des temps de laideur et de maladresse, ingrédient obligatoire de toutes les recettes de sorcières.

Annonciateur des pluies et fort apprécié au Vietnam, il y est aussi symbole de succès. Plus prés de nous, le crapaud figure comme symbole royal sur l'étendard de Clovis.

Batracien, sa bave n'en atteint pas pour autant la blanche colombe (faut-il encore trouver la blanche colombe, ce qui ne court pas non plus les rues).

Le crapaud, Jean Rostand nous en rappelle la légende :

"Il tète les vaches, il fait tourner le vin, il pille les nids d'oiseau, il dévaste les ruches, il a le mauvais œil, charme les gens et les bêtes ; il périt si on le regarde trop fixement ; il donne la rage aux chiens par son écume ; son souffle est venimeux, il souille et empoisonne tout ce qu'il touche."

Dans le genre bufo, qui comprend environ 200 espèces différentes réparties sur la plupart des continents, nous n'en citerons que deux parce qu'ils figurent désormais sur la liste des vertébrés en voie d'extinction en France. "Bufo bufo", le plus commun, de taille moyenne ( 10 cm de long pour le mâle, 13 cm pour la femelle), de coloration brune, grisâtre, parfois olivâtre. Et le crapaud vert "bufo viridis", plus petit et plus élancé. Déjà, on ne le rencontre plus en Corse ou en Alsace. Victime comme tous ces cousins bufonidés des accidents de la route qui les fauchent par centaines lors de leur migration. (alors qu'il suffit de regarder à gauche et à droite avant de traverser comme tout le monde le sait).

Ainsi le crapaud migre. Au début du printemps, il songe à l'amour et sort de sa retraite hivernale. Pour cet amphibien essentiellement terrestre, le temps est venu de se mettre à l'eau dont il a besoin pour se reproduire. Ce sont les grandes migrations vers les mares et les étangs ou convergent parfois des milliers de batraciens. Mais le crapaud ne s'accouplera que si la marre natale est encore là. Si cette mare où il est venu au monde a disparu, il sera incapable d'en trouver une autre, fut-elle distante de 200 mètres. (Pas futé quand même…).

Le but du voyage atteint fin mars ou début avril, l'accouplement peut avoir lieu. ( Nous ne rentrerons pas dans les détails, on n'est pas non plus sur M6...)

L'étreinte achevée, les œufs sont déposés dans l'eau par milliers. Quinze jours plus tard, c'est l'éclosion des têtards qui passeront en deux mois de 1cm à 4 cm lors de la vague de migration inverse.

S'ils y parviennent, car outre les accidents de la route, les amphibiens sont exposés à un danger encore bien plus grave.

Eux qui, apparus il y a 350 millions d'années, ont vu naître et mourir les dinosaures, eux qui furent les premiers à marcher sur la terre ferme, inventant du même coup la patte et le poumon, les voilà désormais condamnés à voir leur population diminuer régulièrement.

Selon une étude publiée dans "Nature" menée sur un demi-siècle par plus de 200 chercheurs dans 37 pays différents, les populations d'amphibiens auraient chuté de 4 à 5 % par année en moyenne et depuis 40 ans. Sur les 936 espèces étudiées, 61 ont complètement disparu.

Crapaud, grenouille et salamandre sont menacés d'extinction. Le coupable principal semble être un champignon microscopique Batrachochytrium dendrobatidis qui s'attaque à la kératine contenue dans les peaux des amphibiens et les étouffe. Mais cet organisme existe depuis la nuit des temps et jusqu'alors il ne tuait pas les vertébrés. Que s'est-il passé ?

A-t-il muté? ses victimes ont elles devenues plus vulnérables?

Très sensibles aux pollutions, les batraciens sont considérés comme des micros capteurs de notre environnement. Visiblement, il sont en train de le payer de leur vie. En mourrant, les batraciens nous lance un message qui n'est pas nouveau mais qu'il n'est jamais inutile de répéter : les changements climatiques, les pluies acides, les rayonnements ultraviolets, toutes les pollutions de toutes sortes sont en plein essor et si l'on en croit les grenouilles, ce n'est pas une bonne nouvelle.

Je me souviens de la grenouille qui était, lorsque j' étais petite, un "indicateur météo" que personne ne mettait en doute. Peut-être devrait-on l'écouter une dernière fois avant qu'elle ne disparaisse quand elle nous parle dans son agonie.

Je pense déjà au jour où les enfants ne sauront plus reconnaître les grenouilles et les crapauds et qu'il faudra faire appel à M. Spielberg et consort pour pouvoir avoir une belle grenouille à l'image.

Pendant qu'il est encore temps, regardez donc les grenouilles, les têtards et les crapauds. Mais savez vous comment on reconnaît une grenouille d'un crapaud ? 

Si vous surprenez un batracien qui a la démarche pataude, s'il présente une silhouette trapue et une peau verruqueuse, s'il reste sur le sol et ne saute pas, il s'agit à coup sûr d'un crapaud. La grenouille, elle, agile et colorée, vit essentiellement dans l'eau, sa peau est lisse, humide et luisante, sa silhouette est élancée et ses sauts sont légendaires. 

Avoir envie de manger des cuisses de grenouilles peut-il être une bonne raison de se lever le matin ? Je laisserai cette question à l'appréciation de chacun. Réfléchir au message que nous envoient dans un dernier cri nos amis batraciens, se dire qu'il va bien falloir agir au lieu de réfléchir, c'est, il n'y a pas de doute à avoir, une bonne raison de se lever le matin.

Oui, mais.......... me direz vous et la soit disant quête du prince charmant ?

Je ne laisserai personne soutenir que le mariage est l'apothéose de notre vie de femme.

Je les déteste, ceux qui écrivent qu'il y a plus de célibataires femmes que hommes, qu'elles n'ont de cesse que de chercher le prince charmant, qu'entre-temps elles se lamentent dans les dîners en société au milieu des couples.

Mais dans quel monde vivent-ils les spécialistes de sciences humaines qui raisonnent comme ça, ont-ils seulement déambulé dans Paris. Ont-ils remarqué la quête effrénée des hommes et leur assiduité à nous coller, à nous engluer, à ne pas nous lâcher.

Au jardin d'enfants déjà on voit les merdeux s'étonner que nos filles en culottes courtes les prennent par la main : « on va se marier maman » demandent-ils à leur génitrice ? Se marier. Une petite fille sublime, que toutes les fées ont comblées de mille grâces indicibles, qui saisit sa dixième main de petit garçon de la semaine, pour lui offrir la découverte éphémère d'un escargot, d'un coin de bac à sable, d'un sourire, que sais-je, pour mieux et repartir le nez au vent, … et déjà la scène est gâchée par la génitrice du marmot mâle fantasmant que l'apprentie bimbo développerait le projet de monopoliser son fils. ..............

Vous observerez la suite directe au lycée, lorsque les adolescents se greffent sur nos prises de notes en cours, nos révisions, nos cafés noirs, nos joints, nos idées fortes, nos copines, et j'en passe.

Et la fac, lorsque nous même déjà on squatte chez des copines, et que ces dernières s'étonnent de l'assiduité de quidams qui développent stratégies sur stratégies pour ne pas déloger.

Je ne prétends pas qu'ils sont tous comme ça, non. Beaucoup s'évadent - bien sûr on les préfère - mais beaucoup s'incrustent aussi, attirés par l'irrésistible force centrifuge de nos c....

Pendant ce temps, où sommes nous, qu'est-ce qui nous magnétise ? Le prince charmant ? Hé ! oui comme dit le proverbe nissart

" Si parla mau de la frema ma cadun li courre darrié. " (On parle mal de la femme, mais tout le monde lui court après.) et elle après qui ou quoi court-elle ?

 

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